Après avoir évoqué sur ce site :
. l’influence des grands groupes de BTP sur les décisions de bétonnage de nos villes par nos élus locaux ;
. le financement douteux de Terra Lorraine ;
… nous allons nous pencher sur le projet Muse, à côté du Centre Pompidou, et sur son promoteur, la société Apsys basée à Levallois-Perret.
Depuis sa création en 1996, Apsys a créé ou repris quelques dizaines de centres commerciaux dans différents pays d’Europe, principalement en France et en Pologne. Par delà la présentation « iconique » qu’elle veut donner d’elle-même, Apsys, c’est aussi une myriade de sociétés de droit français (dont beaucoup ont des résultats négatifs).
Apsys semble tirer profit du traité de non-double imposition entre la France et le Luxembourg, et de la directive européenne sur le régime fiscal commun applicable aux sociétés mères et filiales. Les sociétés françaises sont volontairement déficitaires afin de ne pas payer d’impôts en France (et ce déficit est reportable dans le cas où elles feraient des bénéfices un jour), et les sociétés luxembourgeoises payent un taux d’impôt bien inférieur à ce qu’il serait en France. Ne doutons pas qu’il n’y a rien d’illégal dans tout cela (même si Apsys a aussi été citée dans l’affaire des Panama Papers)…
Cela rapporte gros : en novembre 2012, Apsys a revendu pour 390 millions d’euros le centre commercial polonais Manufaktura dans lequel elle avait investi 130 millions. Il est à noter que l’acheteur est un fonds d’investissement allemand, Unilmmo Deutschland.
En 2014, le centre commercial parisien Beaugrenelle, détenu par une SCI dans laquelle Apsys (également promoteur et gestionnaire) avait une petite participation, a été vendu pour 700 millions d’euros à un consortium comprenant également… Apsys. La reprise et les travaux de rénovation qui y avaient été réalisés en 2013 s’élevaient à 450 millions d’euros.
Pour revenir à notre chantier messin Muse, nous avons déjà au moins trois sociétés :
. la société en nom collectif Amphithéâtre de Metz (qui fédère les différents opérateurs concernés?) basée au siège social d’Apsys à Levallois-Perret ;
. Muse France, également basée à Levallois-Perret ;
. Muse Lux, basée à Luxembourg.
Ce projet de méga-centre commercial, qui va achever le centre-ville, prospère sous l’égide de la SAREMM (Société d’aménagement et de restauration de Metz Métropole), gestionnaire de la ZAC de l’Amphithéâtre. Et pendant ce temps-là, pour faire des économies, la municipalité sacrifie le sapin de Noël de la gare ou ferme une maison de retraite au prétexte qu’elle est… déficitaire.
Dans ses livres, le géographe Christophe Guilluy a mis en exergue la fracture qui sépare les classes supérieures des métropoles, bénéficiaires de la mondialisation, de la « France périphérique » des déclassés. Mais ces classes supérieures ne profitent-elles pas plutôt d’une financiarisation extrême et dévoyée de l’économie menée sous la férule de l’Union européenne avec la complaisance et la complicité des élus des partis dits « de gouvernement » ?
Il n’est pas étonnant que certains élus messins chargés de piloter ces projets délirants aient choisi Emmanuel Macron dès le premier tour de l’élection présidentielle. Derrière leur posture moralisante anti-« FHaine » se cache surtout une grande crainte qu’ils puissent être privés de leurs pouvoirs de petits potentats locaux. Emmanuel Macron, entouré de financiers liés au Grand-Duché (voir ici ou là), ne pourra que les encourager à continuer dans cette voie.
Il faut savoir que le secteur financier s’intéresse de plus en plus à des actifs qui font notre environnement direct et notre quotidien comme des parkings, des forêts, des vignes… mais aussi des hôpitaux.
Il est impossible que ce système artificiel et immoral qui crée de la richesse en vase clos grâce à des réglementations iniques puisse survivre encore longtemps. À l’opposé de la caricature gauchisante qui en est faite pour faire peur aux classes moyennes de droite, écoutez Marine Le Pen présenter son programme économique, le programme du bon sens, du bien commun et de la renaissance de notre pays :