Débat d’orientations budgétaires 2019 à Metz Métropole – 25/02/2019 – Intervention de Françoise GROLET
Nous sommes paraît-il « dans un contexte de maitrise des finances publiques ». On a quand même de plus en plus l’impression que l’Etat se moque de nous ! En quoi serait-il exemplaire pour faire la leçon aux collectivités locales ? La France est le mauvais élève de la zone € dans tous les domaines : croissance, chômage, dette, déficit public… Et c’est tout à fait déplacé d’incriminer le mouvement des Gilets jaunes : le retard français ne date pas de novembre 2018 !
Face au durable mécontentement de nos concitoyens, à leur demande instante de moins d’impôts – et « mieux d’impôts », que disent ces Orientations budgétaires ?
Comme d’habitude, la présentation de la situation financière donne une illusion de collectivité peu endettée, puisqu’est camouflé dans un budget spécial l’emprunt Mettis : il représente 60% de la dette totale, double l’endettement par habitant, et nous fait dépasser la moyenne nationale.
L’évolution est alarmante. Regardez le tableau (ci dessus) : l’encours de la dette consolidée remonte de façon spectaculaire en 2018, + 18 millions d’emprunts. Avec les + 22 millions d’emprunt prévus en 2019, on dépassera largement le pic de début de mandat !
Toujours plus de dette pour financer le futur Siège à 33 millions d’euros
Merci le futur Siège à 33 millions d’euros… Il va être financé par des emprunts sur 25, 30, voire 40 ans : on sera encore en train de rembourser la dette, que ce bâtiment sera devenu complètement obsolète ! Un non-sens, alors que nous avions proposé de rénover un bâtiment de notre patrimoine, ça aurait été un investissement d’avenir, un investissement durable.
Et je vous conjure, ne tentez pas d’humaniser votre décision en l’appelant « maison de la métropole ». Une « maison » de 10 000 m2 à 33 millions €, si c’est de l’humour, je crois que les habitants de Metz Métropole ne le comprennent pas.
Quelles perspectives pour 2019 ?
« Une métropole en rythme de croisière » dites vous. Je veux bien le croire, après les bouleversements institutionnels qu’il a fallu gérer. Maintenant, il ne faudrait pas donner l’impression que la croisière s’amuse !
Les dépenses de fonctionnement vont augmenter au maximum que l’Etat autorise : 1 260 000 €. Vous espérez pouvoir y ajouter les dépenses de métropolisation ; mais pour faire quoi de cette capacité à dépenser plus ? Vous avez déjà créé en 2018 25 postes pour absorber le passage en métropole, pour un coût de 300 000 € de masse salariale , et plus encore en année pleine… Et le palais de la métropole va coûter 300 000 € d’intérêts…
Gardons des marges de manoeuvre, c’est important vu ce qui nous attend 2019 !
En matière de personnel, je soutiens totalement l’action menée en 2018, le plan de titularisation des agents contractuels et de passage des concours administratifs. Alors que M. Macron veut uberiser la fonction publique, il faudra de l’argent pour garder une fonction publique de qualité. Au lieu de multiplier par facilité les satellites de plus en plus coûteux…
Gardons des marges de manoeuvre, aussi, pour mieux exercer le service public partout sur notre territoire. Ex. l’enveloppe exceptionnelle significative de 1 million € pour réparer les voiries fortement dégradées, c’est ça le travail de la collectivité !
A l’inverse, votre décision d’accepter le transfert de compétences du département en matière sociale est inquiétante. À chacun son travail, le secteur social est complexe et coûteux, le département en sait quelque chose.
Il faut faire des choix aussi face à l’urgence de protéger notre environnement : sur le territoire du SCOTAM, les surfaces agricoles et naturelles ont régressé de 12 000 ha (7,2%) entre 1947 et 2010. Nos propositions :
- Faisons une pause sur la nouvelle mégaZAC Grigy Technopole , et on se concentre sur la revalorisation des bâtiments et espaces vacants ou dégradés qui existent en quantité sur notre territoire.
- Accélérons l’aménagement du Mont Saint Quentin, qui pourrait être un formidable atout d’attractivité, de notoriété, de création d’emplois durables.
Nos compatriotes n’en peuvent plus de voir confisquer le fruit de leur travail. Quel message leur envoyez vous ?
- Une fiscalité des ménages (42,7 millions)en augmentation de + 1,1 million €, une fiscalité professionnelle (42,3 millions) en augmentation de 900 000 €. Pour rappel, depuis le début de votre mandat, c’est 20 millions € de plus qui ont été ponctionnés.
- Et que dire de la fiscalité spécialisée ? La taxe sur l’enlèvement des ordures ménagères baisse d’un point, mais ce n’est pas un cadeau ! C’est la correction des ponctions disproportionnées des années passées, comme nous le disons depuis le début et comme la loi de finances 2019 le confirme !
- Le pire, c’est quand même la taxe sur l’électricité. Les habitants de Metz Métropole sont en train de découvrir leur facture d’électricité avec une explosion de la part fixe, et vous leur dites de haut qu’il faut « exercer de façon plus volontariste les compétences transférées » (des précisions), et « renforcer la solidarité » avec le reversement de 50% aux communes… C’est presque comique, quand on sait que les grosses communes ont gardé pour elles 100% du produit de cette taxe, soit plus de 2 millions € pour Metz !
La fuite en avant financière de Metz Métropole n’est plus supportable : revenons au bon sens !
Il est devenu urgent de recentrer l’action de la collectivité sur l’essentiel : un meilleur service public et le soutien à l’activité économique. C’est possible, en optimisant l’utilisation de l’argent public est là. Bannissons les opérations gadget ou hors compétence, l’emballement des satellites, et la gloutonnerie fiscale. Nos concitoyens attendent ce retour au bon sens !