Intervention de Françoise Grolet au conseil municipal de Metz, le 15 décembre 2016 : ZAC Desvallières : bilan de la concertation préalable en vue de la création de la ZAC.
Intervention :
Vous nous proposez d’acter la création d’une ZAC pour la réhabilitation de la Caserne Desvallières, au terme d’une procédure entamée en septembre 2015. Nous disions alors qu’il était temps d’entamer ce projet très attendu.
Nous sommes attentifs à trois aspects : un plus et deux moins :
➤ Nous considérons de façon positive l’effet du projet en matière d’« aménagement urbain ». Cela fait trop longtemps que le quartier attend que disparaisse ce long mur aveugle, route de Lorry, pour aérer le site, favoriser les échanges intra-quartier. On a dit que ce ne serait pas fait tout de suite pour sécuriser le chantier, même si les habitants sont très impatients.
Les commerçants attendent de pouvoir se regrouper et se renforcer mutuellement, ils demandent un parking qui leur soit propre et de taille suffisante. Il est indispensable de leur consentir des conditions d’installation favorables, pour permettre à ce coeur de quartier prenne un bon départ. Il faudra aussi veiller à gérer les cellules laissées vides dans le reste du quartier.
➤ Je critiquerai, une fois encore, l’incohérence de votre politique du logement, et de vos priorités en matière d’urbanisme : construire du neuf sur des terres agricoles, alors qu’il y avait la Caserne Desvallières à rénover à 100 m (300 logements prévus). Ce n’est pas comme si Metz avait été en pénurie de logements (7600 logements vacants, source INSEE) ! Vous avez préféré aller vite avec la ZAC du Sansonnet (360 logements), en bétonnant des terrains à vocation maraîchère ; et dans le même conseil, vous lancez un projet d’agriculture urbaine à Borny, cherchez la logique.
➤ Nous avons à coeur la préservation du patrimoine existant. C’était une demande forte des habitants, sans lesquels l’ensemble aurait été rasé, sans aucun état d’âme, par la municipalité. Nous déplorons qu’il soit prévu de conserver seulement la partie la plus simple à rénover. On nous a expliqué qu’elle n’est déjà pas simple à reconvertir avec des murs très épais. C’est quand même étonnant, depuis toujours, les murs solides sont considérés comme une valeur, or, aujourd’hui, plus on parle d’habitat durable, et plus on détruit ce qui dure pour construire du court terme, pour ne pas dire du jetable !
Vous prévoyez donc de détruire une grande partie des bâtiments pour laisser place à la promotion immobilière, quel dommage ! Notamment les très belles écuries dont les voûtes ne seront pas gardées, parce qu’elles ne supporteraient pas le poids des logements au dessus. On nous avait déjà expliqué que les charpentes et planchers étaient trop abîmés par l’humidité, alors on détruit. Quand on veut noyer son chien…! Si on assurait leur entretien courant, ces bâtiments qui ont 140 ans (1877) et que vous allez détruire dans quelques mois seraient encore fièrement debout : seriez vous prêt à assurer la même longévité pour les constructions de vos ZAC dans 30 ans ?
On m’a dit que la rénovation qui a été faite à la caserne Grandmaison n’est plus possible. 50% du coût correspondait au gros oeuvre, maintenant, les marges de manoeuvre ne sont plus les mêmes. Justement aujourd’hui, il n’y a plus la pression du manque de logements, qui a justifié la concentration de grands ensembles dont on a découvert bien après les nuisances. Dire qu’on n’a plus l’argent nécessaire pour reconvertir ces bâtiments revient à se contenter d’une politique de profit à court terme.
C’est vraiment le contraire d’une gestion de bon père de famille, qui culmine avec l’irresponsabilité de l’Etat qui a voulu faire de l’argent sur le dos des collectivités en monnayant la Caserne Desvallières. 2,26 M€ ont été déboursés par l’Etablissement Public Foncier de Lorraine (EPFL), il faut maintenant faire de l’argent avec la ZAC pour se rembourser ! Je ne considère pas Desvallières comme un fardeau pour la ville, mais comme une part du patrimoine messin.
J’attire votre attention sur un point : il me semble indispensable de conserver la trace de la vie quotidienne dans cette caserne, et du passé militaire de la ville.
Quand on voit qu’on a difficilement gardé le bas relief de Bon Secours et les vitraux de la chapelle, qu’on ne sait pas où mettre… Je demande d’accorder de l’attention à ces témoignages qui méritent d’être conservées dans notre mémoire collective, et pas seulement en hommage nostalgique aux anciens conscrits. À une époque où tous les jeunes hommes d’une classes d’âge passaient un an sous les drapeaux, permettant d’obtenir le permis de conduire, une formation à la vie collective, des compétences professionnelles, un repérage voire un traitement des carences scolaires et de santé… On réalise aujourd’hui que ce service – qui méritait certes d’être réformé – n’avait pas que des défauts !
Présidente du groupe FN au Conseil municipal de Metz
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