Intervention de Françoise Grolet au conseil municipal du 28 mai 2015 : Orientations stratégiques en matière d’emploi et d’insertion
Le chômage augmente en France, comme dans notre région dans laquelle il est toujours supérieur à la moyenne nationale, ainsi qu’à Metz, avec en juin 2014 23 558 demandeurs d’emploi inscrits à Pôle Emploi, en réalité donc beaucoup plus.
Il faut donc tout faire pour aider au retour à l’emploi. C’est un peu ainsi qu’on peut voir ce rapport : mettre toutes les chances du côté des chômeurs messins.
Mais l’action proposée n’est pas la panacée. Il serait fallacieux de croire qu’on vote là des « orientations stratégiques pour l’emploi et l’insertion » comme l’indique le titre bien pompeux.
Il y a un risque, au contraire qui est de participer à l’empilement des dispositifs et des responsabilités assumées plus ou moins complètement par les différents acteurs publics. Avec les meilleures intentions, si on ne réforme pas à la base, là où sont les problèmes, on contribuera à alimenter le cercle vicieux de l’économie française.
Ecoutons donc les véritables créateurs d’emplois, les entreprises, au premier rang desquelles les PMI, PME, ETI, TPE, et artisans.
Ces entrepreneurs luttent pour survivre dans la jungle réglementaire, confrontés à l’instabilité des normes et à une fiscalité confiscatoire, aboutissant à un manque de compétitivité face à la concurrence étrangère qui s’exerce sans contrainte au plan national.
C’est à ce niveau qu’il faut agir, sous peine d’être contreproductifs : les clauses sociales qu’on ajoute aux marchés publics deviennent une contrainte supplémentaire pour les entreprises, qui auront tendance à utiliser des travailleurs détachés. Les emplois aidés coûtent très cher à la collectivité, l’empilement de structures et de guichets pèse sur les finances publiques, donc sur ceux qui travaillent et ceux qui créent l’emploi.
Il faut donc équilibrer les objectifs de notre politique, entre social et économique, pour répondre aux besoins de tous les Messins. Ce rapport semble avoir une forte orientation « insertion » au détriment du volet « emploi ». Or beaucoup de dispositifs d’insertion ne font que masquer la misère que le retour au travail résoudrait très sûrement.
Je reviens sur l’histoire du service Metz-Emploi-Insertion, créé dans le quartier des Allemands puis transféré en 2011 en centre-ville rue Four du cloître, dont il a été déménagé récemment vers le quartier excentré de Borny, où certes le taux de chômage est le plus important, mais justement n’est-il pas bénéfique de sortir du quartier ? Cette décision, qui ressort de la Politique de la Ville, s’oppose à l’insertion et l’ouverture, et va contre l’égalité de traitement pour les chômeurs des autres quartiers messins.
C’est justement l’objectif qui a été recherché en réinstallant le Forum pour l’Emploi qui s’est tenu hier à l’Hôtel de Ville pour plus de visibilité, plus d’accessibilité pour tous. Pourquoi en serait-il différemment pour le service Metz-Emploi-Insertion ?
Cela a permis un beau succès si l’on peut dire, puisque les locaux étaient noirs de monde, on est passés de 800 visiteurs l’an dernier à la Grange-aux-Bois à plus de 3 000 personnes, qui ont pris contact avec des entreprises de secteurs porteurs : services, aide à la personne, sécurité, entreprises locales (Ikea, Charal, Urbis Park, jusqu’à Safran), des institutions comme la Défense, et les acteurs de l’emploi, de la formation, de la création d’entreprises.
On sait que la recherche d’emploi aboutit souvent par le biais des réseaux personnels. Avec ce Forum, la Ville active ses réseaux pour tous ceux qui n’en ont pas.
Aujourd’hui, la Ville de Metz s’offre les services à la carte de Pôle Emploi, au lieu du menu ordinaire plus ou moins digeste, du suivi plus ou moins performant proposé au commun des chômeurs. En complément des salariés de Metz-Emploi-Insertion, la conseillère Pôle Emploi mettra ses connaissances spécifiques au service de nos concitoyens qui attendent beaucoup. Il n’était que de voir hier au Forum pour l’Emploi les personnes de tous âges et de tous milieux se presser devant les stands, leur pochette de CV sous le bras.
Il est important que cet agent Pôle emploi, comme le pôle municipal, se déplace du Pôle des Lauriers vers tous les quartiers (ex : dans les mairies de quartier).
Il manquera encore un élément essentiel qui est la simplification des dispositifs par un guichet unique pour coordonner les trois aspects emploi, insertion, formation voire – on peut rêver – pour chacun, un responsable unique et financeur unique. On en est loin : dans ce rapport, sont imbriqués l’Etat, la Région Lorraine, le Département de Moselle, Metz-Métropole, et la Ville de Metz !
Pour avoir une idée de l’enchevêtrement des dispositifs, regardez juste le tableau en annexe 4 : une page consacrée à partager les tâches entre l’agent Pôle Emploi et le « chargé de mission Clauses sociales » que Metz et Metz-Métropole ont déjà embauché !
Dans ce contexte, l’insertion sera toujours plus difficile tant qu’au niveau national, les réformes de fond ne seront pas faites.
J’ai parlé de la simplification de l’environnement de l’entreprise, mais il faut aussi évoquer la formation initiale qui laisse aujourd’hui beaucoup de jeunes (1 sur 5) sur le bord du chemin. Aujourd’hui, notre Education nationale se disperse et se perd, de réforme idéologique en réforme pédagogiste, alors qu’il est urgent de délivrer à tous un socle solide de savoirs essentiels, indispensables pour donner à tous les jeunes la chance d’entrer dans la vie active.