Metz, ville vivante ou temple de l'événementiel ?

AU CONSEIL MUNICIPAL DU 29/09/16

Le colloque et l’exposition JF Blondel (l’architecte de la Metz classique) à la Cité de l’architecture à Paris sont l’occasion d’un très beau coup de projecteur sur le patrimoine architectural de notre ville.

Mais aussi l’occasion de s’interroger sur ce qui est fait aujourd’hui de cet héritage, singulièrement la place d’Armes J-F Blondel et les alentours de la cathédrale. Vouloir transformer Metz en ville musée, en temple de l’événementiel, au détriment de l’activité et des habitants, serait très dommageable.

L’organisation de l’essentiel des fêtes de la Mirabelle sur la place d’Armes soulève d’abord une question : à quoi sert la place de la République ?

Il nous semblait que la vocation de cette place, devenue immense et vide, était de faire place nette pour les festivités, sans gêne pour les riverains et de la façon la plus accessible ? Alors que la localisation des événements au pied de la cathédrale n’a aucun de ces avantages.

On a bien entendu dire que les fêtes de la Mirabelle ont connu un « succès quasi historique » – selon votre adjoint à la Culture, qui n’est jamais avare en auto-congratulation.
C’est vrai, mais rien ne prouve qu’il n’en aurait pas été de même place de la République ! La place d’Armes n’y aurait rien perdu, car c’est un passage obligé des visiteurs.

Le commerce de proximité (Marché couvert notamment) a pâti de la suppression du stationnement et des difficultés de circulation, mais hélas, on sait que vous êtes déterminés à supprimer définitivement ce parking ! Et pour les riverains, la nuisance des concerts nocturnes est très importante, dans cet espace qui fait caisse de résonance, peut être dangereuse aussi pour l’architecture de la cathédrale.

Célébrer JF Blondel, c’est utile et nécessaire, mais encore faut-il pouvoir résider et développer l’activité à l’ombre de son oeuvre.

Quant à son oeuvre architecturale, justement : nombre de participants aux fêtes de la Mirabelle, attirés par l’annonce d’un spectacle de « mapping vidéo » (technique de projection sur des volumes), ont regretté le manque d’ambition de celui-ci, sachant que ses réalisateurs ont fait avec le budget et le temps qui leur était donné.

Les visiteurs attendaient une vraie mise en scène, avec un contenu, pour valoriser les façades magnifiques de la place d’Armes, et sa symbolique de représentation des quatre pouvoirs, religieux avec la Cathédrale, civil avec l’Hôtel de Ville, militaire avec l’ancien corps de garde devenu l’Office de Tourisme, et judiciaire avec l’ancien Parlement, qui a laissé place à des habitations et des commerces, qu’on aurait tort de négliger.

Cet aménagement urbain caractéristique représente l’un des deux atouts de notre candidature au patrimoine mondial de l’Unesco. La municipalité, qui éparpille beaucoup son budget culture, aurait dû depuis longtemps mettre des moyens conséquents pour un spectacle son et lumière à la hauteur d’autres villes auxquelles nous n’avons rien à envier, je pense d’abord à Nancy mais pas seulement. Cela ferait venir à coup sûr les touristes sur la place, et à Metz.