La municipalité socialiste de Metz a engagé un partenariat avec une société (Mobiwoom), affichant une spécialité dans le développement numérique.
Cette décision, votée au conseil municipal du 17/12/15 a suscité un certain nombre d’interrogations dans les rangs de l’opposition.
Françoise Grolet est intervenue pour le groupe FN RBM, pour poser diverses questions :
– Le rapport parle de « dynamiser le commerce de proximité en centre-ville » en fidélisant les clients (carte de fidélité interactive) et en facilitant un bonus stationnement. Y aurait-il donc des carences dans l’action municipale envers le commerce messin ? Tout n’irait pas aussi bien que l’autosatisfaction du Maire le ferait croire ?
Depuis longtemps le FN lance l’alarme sur le grand nombre de vitrines vides, le turn over des commerces, la profusion de ZAC à l’extérieur de Metz (Waves) ou à côté du centre ville (Muse), le coût prohibitif du stationnement !
– Dans cette convention, la Ville de Metz s’engage à communiquer sur « ses traditions de commerce et d’innovation » : on est loin de « Metz la commerçante, Metz la riche« … il va falloir vous remettre en cause ! La publicité dithyrambique faite par la Municipalité sur la formule développée par son partenaire n’est pas plus convaincante : beaucoup de com’ sur cette « avant-première nationale » « appelée à être dupliquée« . Le chef de projet référent que Metz met à disposition de ce partenariat sera même chargé d’aller communiquer sur le dispositif auprès d’autres collectivités ! Cette implication inhabituelle laisse les observateurs perplexes : en quoi cela concerne t’il Metz ? Comme si la municipalité avait des intérêts dans cette société privée, comme elle en a dans Efluid (lié à l’UEM) que nous avons tout intérêt à exporter car il rapporte de l’argent à Metz !
– Ce partenariat mélange les genres : n’est ce pas à la Fédération des Commerçants, soutenue par la Ville, de prendre en charge ce défi de fidéliser ses clients par un dispositif de sa responsabilité, en partenariat avec les délégataires des parkings volontaires ? On nous dit qu’un appel à projet « commerce et numérique » a été lancé au printemps 2015, et quand on gratte un peu, on se rend compte que le partenariat avec Mobiwoom existe de fait depuis plusieurs années ! C’est même le 17 octobre 2012 que le chef de projet de la Ville (déjà en fonction, donc) faisait dans le RL la publicité de « Mobiwoom, nouveau vecteur d’identité territoriale » ! En octobre 2013, le site de la Fédération des Commerçants (shoppingmetz.com) évoquait cette collaboration avec la Ville.
Il semblerait donc que le Maire prenne son Conseil pour la dernière roue du carrosse, chargée d’entériner des décisions déjà prises. Et devant les critiques, le maire prétend qu’il s’agit de soutenir une startup messine : expression largement dépassée trois ans après le lancement de la formule !
Nous concluerons donc que Metz était déjà engagée avec cette société, bien avant l’appel à projet début 2015 : nous avons demandé des éclaircissements sur la procédure, et les autres réponses obtenues. Aucune réponse de Mme Sallusti, adjointe au Commerce, si ce n’est que deux autres société ont répondu ! La Ville de Metz est donc déjà partenaire d’une société privée, et ceci sans aucune des sécurités juridiques indispensables, s’agissant d’un dispositif qui gère un fichier de données privées, et des transactions de paiement électronique ! C’est d’autant plus inquiétant que dans ce partenariat, Metz engage formellement sa parole, son image, qui sera mise en avant pour le meilleur et pour le pire.
Un comité de suivi est annoncé, le Front National demande que les informations soient diffusées en toute transparence.
Mais après tout, pourquoi ne pas soutenir une formule innovante qui apporterait un surplus d’attractivité au commerce du centre-ville ? En tant qu’élus responsables, nous avons demandé quel est le bilan des opérations engagées par Mobiwoom avec le soutien de Metz. Ce bilan serait-il si concluant et prometteur, qu’il incite à avancer dans le partenariat et à engager la réputation de Metz et l’argent de ses contribuables (déjà mobilisé via le poste du chef de projet, l’appui en communication, et la subvention globale à la Fédération des commerçants : 190 000 € au budget 2015) ?
Lors du vote de cette subvention en avril 2015, le FN s’interrogeait sur l’utilité de verser 10 000 € par an depuis 3 ans pour le site internet « d’une indigence rare, désert, informations sur les commerces pas à jour…« .
Fin 2015, retour sur le site : rien n’a changé ! Lorsqu’on clique sur « Deutsch » (idem pour l’anglais) pour apprécier la réponse apportée aux clients frontaliers, on tombe sur cette mention lourde de conséquences : « Leider ist der Eintrag nur auf « Français » verfügbar » Quel mépris des clients allemands ou luxembourgeois « Désolé, cette entrée n’est accessible qu’en Français » !
Invérifiables, les chiffres sur cette « première galerie commerciale de Metz, plus de 10 000 usagers réguliers, une base de 30 commerces pilotes…(30 commerces en 2013 comme en 2015, aucune évolution) » ailleurs on dit 50 ou 100 ! (et le site shoppingmetz lui même se vante de « 1250 commerçants référencés, et bientôt la totalité du commerce messin » ! Il suffit de visiter le site pour constater que cet annuaire n’existe plus et que le site se limite au e-commerce avec des offres qui se réduisent principalement à des restaurants place de Chambre et à l’achat de billets pour le Centre Pompidou Metz !
Le groupe FN demandait déjà des résultats plus crédibles en avril 2015. Le moins qu’on puisse dire, est que les résultats probants ne sont pas au rendez-vous, et pourtant la Municipalité socialiste s’engage plus en avant ! Et elle mène parallèlement une politique néfaste pour le commerce : soutien au développement incessant des ZAC, absence d’entretien du plateau piétonnier depuis des années, augmentations du prix du stationnement qui fait fuir les clients vers l’extérieur… et même suppression de parkings en surface (marché couvert et cathédrale) alors qu’il faudrait faciliter le stationnement et la rotation des voitures pour attirer un public nouveau ! En désaccord avec ces orientations et peu convaincus par le bilan des actions réalisés, les élus Front National ont voté contre cette convention. Le groupe UMP/UDI, également critique, a pourtant suivi la municipalité socialiste.
Nous demandons inlassablement un allègement du fardeau fiscal pour les commerces, et que la municipalité joue son rôle de facilitateur en mettant en place les conditions de l’attractivité (stationnement, sécurité, animations en partenariat, environnement stable). Aux commerçants de faire, de leur côté, les efforts nécessaires pour gagner en attractivité.