Intervention :
Explication de vote :
Il n’y a pas qu’en littérature que « ce qui se conçoit bien s’énonce clairement… » Ce conseil de Boileau s’applique aussi à la politique transfrontalière ! Quand on voit l’enchevêtrement incroyable de dispositifs sur ce thème, il ne faut pas s’étonner que l’action soit aussi peu lisible, aussi redondante et finalement peu efficace compte tenu de l’énergie et des moyens dépensés.
Commençons par cette structure : LELA réseau de villes frontalières, est devenu LELA+ avec Metz et Thionville (et alors, quel sens de ne pas inclure de villes allemandes ?), puis Tonicités, qui se transforme aujourd’hui en association, de droit français, mais pas à Metz… Comme la récente association Quattropole (Metz Luxembourg Sarrebruck Trêves), qui a filé à Sarrebruck… Enfin – sans prétendre à l’exhaustivité – j’évoquerai le réseau EuRegio SaarLorLuxRhin ASBL, association transfrontalière de droit luxembourgeois axée sur la « coopération transfrontalière entre les communes ».
Heureusement que le rapport précise que la création de l’association Tonicités répond à un besoin de lisibilité au sein de la RMPT… Mais qui sait déjà ce qu’est la « RMPT » ? C’est plus communément la Grande Région, l’organisme de coopération franco-germano-belgo-luxembourgeoise qui n’a pas su trouver un nom plus identifiable que « Grande Région », à l’instar de notre nouvelle région « Grand Est« .
Pourtant, ce n’est pas comme s’il n’y avait rien à faire, au contraire ! En matière transfrontalière, notre région comme notre département et notre ville ont des atouts à développer et des difficultés à résoudre.
Cela demande d’abord de rester dans les compétences qui sont celles des collectivités françaises, car les financements croisés, les interventions hors compétence, c’est encore un travers bien de chez nous… Travers encouragé par l’Union Européenne, dont l’objectif est de passer par dessus les souverainetés nationales.
C’est ainsi que la délibération évoque par exemple les « partenariats innovants » à construire avec nos voisins en matière de « gestion des flux migratoires« , domaine typiquement régalien pour la France.
Cela nous a valu, au Conseil parlementaire Interrégional de la Grande Région, où je siège désormais comme conseiller régional, d’entendre la vice-présidente socialiste du Landtag de Saar demander que les réfugiés en surnombre en Sarre soient hébergés en Moselle où il y a des logements vacants, « étant donné, disait elle, qu’il n’y a plus de frontières« !
C’est au sein de ce type d’instances qu’on peut juger de la lourdeur des partenariats institutionnels qui parasitent l’action réelle qui peut être menée au service de nos concitoyens, en matière transfrontalière.
D’autant que le rapport nous annonce un doublement des frontaliers vers le Luxembourg dans les 20 années à venir, passant de 160 000 à 300 000 ! (*selon la délibération de la Ville, car les chiffres réels sont de 175 000 frontaliers pour la région Alsace-Champagne Ardenne Lorraine : 87 779 vers le Luxembourg, 44 934 vers l’Allemagne, 34 450 vers la Suisse, 8500 vers la Belgique)
Est que ces extrapolations justifient pour autant « Tonicités », une structure transfrontalière de plus, pour des « gouvernances lisibles » (sic) ?
Nous disons qu’il est urgent au contraire de recréer de l’emploi chez nous, et d’abord en rendant aux entrepreneurs français la liberté de le faire sans être assommés de taxes et de réglementations, et étranglés par les dogmes européistes empêchant de préférer les entreprises locales et favorisant la libre circulation donc la concurrence déloyale, (voir le problème des travailleurs détachés). Une politique économique libérant les énergies ne supprimera pas bien sûr le travail transfrontalier, mais il se recentrera sur les postes où les Français apportent une plus-value au lieu d’être un substitut au chômage endémique de notre région et aux salaires insuffisants.
Nous sommes évidemment conscients des bénéfices de ce flux, mais il est temps de privilégier deux orientations : avec l’Etat mais aussi la Région, chef de file économique, une action efficace pour l’emploi sur notre territoire, et parallèlement, agir pour trouver des solutions aux problèmes quotidiens de nos concitoyens frontaliers (des organismes existent pour cela, comme le réseau EURES de la Grande Région, dont le Centre de Documentation siège au Technopole).
Parallèlement, Metz, dans ses compétences, doit promouvoir ses partenariats avec nos voisins, de façon plus concrète qu’en pavoisant une semaine tous les 6 ans.
Dominique Gros m’a répondu en psalmodiant le dogme de l’UE apportant paix et prospérité, blasphémé par les Britanniques, et en proclamant « je crois au transfrontalier »… Je lui ai rappelé que des Lorrains allaient travailler au delà des frontières bien avant l’UE et Schengen... Et auparavant, c’étaient les Luxembourgeois qui venaient gagner leur pain en Moselle !
Présidente du groupe FN au Conseil municipal de Metz
Conseiller régional Alsace | Champagne-Ardenne | Lorraine