Intervention de Françoise Grolet au Conseil de Metz-Métropole du 15/12/14.
François Grosdidier, pour Metz-Métropole, présentait le bilan d’étape de sa politique de l’habitat : le Plan Local de l’Habitat (PLH).
« C’est un rapport clair et informatif, comme le fait l’AGURAM. On constate que les objectifs de la politique du logement sont atteints, voire dépassés. Doit-on s’en réjouir ? Oui et non.
. OUI aux politiques indispensables du logement social. Mais quid des raisons pour lesquelles plus de la moitié de la population est éligible à un logement social ? (quand 4876 foyers restent d’ailleurs sur liste d’attente…) De quels échecs politiques est-ce le résultat ?
• OUI à l’accession sociale à la propriété (à condition de la maîtriser).
• OUI à la rénovation du parc public et privé, permettant aux habitants de réduire leurs charges dans une période si difficile.
« Peut mieux faire », aux politiques d’accessibilité aux handicapés, où l’engagement public paraît bien faible : un recensement de l’accessibilité du parc social… où plus de la moitié des résidents, bénéficiaires de logements sociaux, a refusé d’ouvrir la porte !!!
« Peux mieux faire », aux politiques de logement des jeunes : le problème est dans l’empilement de dispositifs par les acteurs publics. Il manque décidément un partage clair des compétences !
Et… NON ! Non pour un certain nombre de politiques qui accentuent le problème majeur de l’habitat à Metz : la vacance immobilière.
Il y a pourtant, dans le rapport, une prise de conscience de cette problématique des logements vides qu’il s’agit de remettre sur le marché avant de produire une offre nouvelle par la construction : c’est le bon sens !
L’offre doit être variée pour attirer divers publics, mais il est clair, au regard des chantiers ouverts partout à Metz, que la priorité ici c’est le bétonnage, y compris sur des terres agricoles (Côteaux de la Seille) ou maraîchères (Le Sansonnet à Devant les Ponts). Parlez nous ensuite d’éco-développement ! Dans le même temps, on paye le gardiennage des friches militaires et hospitalières, attendant désespérément leur réhabilitation…
Les chiffres les plus récents de l’INSEE montrent un taux de vacance important : en 2011 à Metz : 11,3% – En 2007, c’était 7,7%. La dynamique de l’indicateur n’est pas bonne ! A Metz-Métropole, c’est 9,2%, au dessus de la moyenne aussi.
Dans un contexte aussi morose, la fiche d’objectifs n°1 proclame la volonté de « produire 1000 logements par an pour regagner en attractivité ».
On construit… Encore faut-il qu’il y ait un besoin pour occuper ces biens, sinon le risque existe de produire un déplacement des habitants, des programmes anciens vers les programmes neufs (du moins ceux qui peuvent se le permettre) où les charges seront moins importantes.
Vous écrivez : « la question de l’absorption par le marché de cette offre abondante se pose »… Je ne dirai pas autrement, et on est même en droit de se poser une autre question : « y a t’il un pilote dans l’avion ??? »
Vu le contexte, il est urgent de corriger les objectifs. Il faut aussi qu’à la fin de ce PLH en 2017, la nouvelle programmation prenne en compte les besoins réels de notre agglomération.
Une publication de l’INSEE (ScoTAM 2011) évoque le manque de dynamisme de Metz et sa première couronne, face à une hausse de la construction neuve et de la population sur les espaces périurbains. C’est bien à une impasse qu’aboutit la politique de Metz appuyée par Metz-Métropole !
La conséquence ? C’était une des diapos présentées en introduction : « la fuite des ménages en péri-urbain ».
J’appellerai ça autrement : l’exil fiscal des Messins, obligés de partir, à 20 minutes en voiture, hors de l’agglomération ! »
Françoise Grolet