La tête de liste du Front national clôture notre série d’entretiens avec les principaux candidats à la mairie de Metz. Sécurité et stationnement figurent parmi les principales priorités de Françoise Grolet, qui croît fermement en ses chances: selon elle, les Messins ne veulent plus du maire sortant et ne croient pas davantage dans l’union du centre et de la droite …
Vous dites être partie en campagne la première, dès le printemps 2012. Qu’en avez-vous appris, jusqu’ici ?
Chaque journée qui se termine me paraît trop courte de 24 heures! Je tenais à connaître les attentes des gens, c’est pourquoi plusieurs fois par semaine nous allons à la rencontre des habitants des quartiers et effectuons du porte-à-porte dans les commerces. J’en retiens que les citoyens n’ont plus confiance dans le personnel politique; il me faut donc être prête à entendre la colère et l’écœurement.
Tous les Messins que vous rencontrez sont en colère et écœurés?
Vis-à-vis des élus, oui. Après, les problèmes d’emploi et de pouvoir d’achat sont des sujets qui reviennent souvent et arrivent vite. Metz n’est ni Chicago ni le Bangladesh, je vous l’accorde, mais ce n’est pas non plus l’euphorie.
Ce diagnostic vous permet-il de formuler un pronostic, à maintenant un mois du premier tour ?
En tout cas, je prévois un rejet du maire sortant. Ces jours-ci, j’ai passé beaucoup de temps à Borny et je peux vous assurer que le clientélisme de Dominique Gros dans ce quartier ne lui vaut absolument pas les faveurs des habitants qui ont plutôt l’impression d’avoir été menés en bateau. C’est pareil partout. Même le personnel municipal ne se sent ni écouté ni appuyé. En face, la liste de droite et du centre ne plaît pas non plus: le dégoût de la politique rejaillit sur l’UMP, qui plus est quand l’union est aussi explosive. Il va falloir gérer la ville avec un budget contraint : face à ça, il faut une équipe soudée, qui ait les idées claires.
“ En tête au premier tour ”
Donc, vous estimez pouvoir l’emporter?
Oui! Mon objectif est d’être en tête au premier tour. Pour cela, il nous faut convaincre ceux qui ne votent plus. Ils sont prêts cette fois à aller vers nous alors qu’auparavant, ils ne nous voyaient pas en situation de gagner, donc ils estimaient que voter pour le Front national ne servait à rien. Dès lors, il ne serait pas responsable de ne pas se préparer à prendre la ville et à la diriger. Je vous signale que je reçois le soutien de pas mal de monde …
Des personnalités qui figureront donc sur votre liste ?
Pas forcément, mais des gens qui désormais se disent prêts à travailler avec nous. Seulement, ils ne peuvent pas tous se dévoiler.
Des soutiens nouveaux et une population en colère, dites-vous, comme tous les candidats du Front national partout en France … Sauf que vous ne gouvernerez pas en vous contentant de relayer les doléances de la population. Que proposez-vous aux Messins?
Je ne suis pas le bureau des pleurs, en effet. Ce que je propose: le bon sens! Une gestion rigoureuse de la ville, c’est pourquoi je ne présente pas de grands projets. D’ailleurs, on ne m’en demande pas. On me demande par exemple de ne pas augmenter les taxes et les impôts, au niveau de Metz comme de Metz- Mé¬tropole. On me demande de tenir comp¬te des priorités du quotidien: la sécurité, la circulation, le stationnement…
A ce sujet, vous promettez le stationnement gratuit en voirie tout en garantissant de mieux circuler, le tout sans auqmenter les impôts. Un peu contradictoire, tout ça, non?
Le stationnement gratuit est une mesure réfléchie qui s’accompagne aussi d’une remise en cause des contrats passés avec les délégataires en charge des parkings, qui sont bien trop chers. Là où cela pourrait entraîner des problèmes de fluidité, nous installerons une zone bleue. Le stationnement payant constitue une rentrée d’argent (1) mais dissuade tellement de gens de venir que ce n’est pas un bon calcul. Il faut donc revenir, comme il y a plus de vingt ans, au stationnement gratuit et supprimer les horodateurs.
Quitte, du coup, à asphyxier la circulation ?
La circulation a au contraire été ralentie à cause de Mettis, qui fait même perdre du temps aux autres bus. Il faut organiser une meilleure cohabitation entre tous les modes de transport et non écarter la voiture du centre-ville. Pareil pour les bus: des arrêts ont été déplacés, qui obligent des personnes peu mo¬biles à accomplir plusieurs centaines de mètres à pied. Nous trouverons des so¬lutions. Sur le même sujet, nous instaurerons la gratuité des bus pour les personnes âgées de 9 h 30 à 16 h, et les transports gratuits le samedi: c’est une mesure d’incitation pour que les Messins se familiarisent avec leur réseau et que les visiteurs occupent les parkings relais de Mettis.
Comment financerez-vous de telles initiatives si vous n’augmentez pas les impôts ?
Les recettes seront stables puisque nos mesures apporteront plus d’activités et plus d’habitants. Et puis, nous comptons reconsidérer certains choix actuels qui coûtent cher, mais suscitent un faible intérêt auprès des Messins. Les rythmes scolaires, par exemple. Il n’est pas question de ne pas appliquer la loi mais de revoir le fonctionnement du périscolaire. Des associations ne sont pas qualifiées pour s’occuper de l’ encadre-ment, notamment à la pause méridienne.
Tout à l’heure, vous avez cité la sécurité en tête des priorités du quotidien. Les Messins que vous rencontrez vous disent ne pas se sentir protégés ?
Mais ce n’est pas qu’un sentiment: quand j’entends parler de sentiment d’insécurité, je suis stupéfaite. Je ne prétends pas que Metz est un coupe-gorge. Je dis juste qu’il existe un problème, qu’il est nié par le maire, lequel ne met pas tous les moyens pour les résoudre.
Selon les services de la police et de la justice, la délinquance baisse à Metz. Elle existe, bien entendu, mais elle baisse. Vous le contestez ?
Bien sûr. D’abord, les gens ne vont plus porter plainte car ça ne sert à rien. Ensuite, cette tendance n’est pas corroborée par lès témoignages que je recueille: si votre voisin est cambriolé, vous ne vous sentez pas en insécurité: vous l’êtes! Ces chiffres, je ne leur accorde aucun crédit.
Maire, vous n’avez pas toutes les compétences en la matière. Que faites-vous ?
Je ne peux pas agir sur les effectifs de la police nationale, certes, et ils ont subi dés réductions sans précédent sous le précédent gouvernement de droite, en effet Mais nous disposons d’un outil, la police municipale, qui doit être plus présente et plus visible au centre-ville comme dans les quartiers, avec des agents mieux équipés et armés, parce que nous avons des possibilités dans ce domaine (2). Nous créons aussi une brigade canine car un équipage de deux personnes avec un chien est plus dissuasif que trois personnes. Cela permet un redéploiement des effectifs, tout comme la fin du stationnement payé : les agents qui verbalisaient pourront se charger des tâches administratives qui, jusqu’ici, empêchent les policiers municipaux d’être davantage sur le terrain.
Proposez-vous une police municipale en service 24 heures sur 24 ?
Non. Que sa mission s’étende un peu au-delà de la fermeture des bars, oui. Toute la nuit, non: même les agents ne le souhaitent pas. Personne, à part Marie-Jo Zimmermann. Mais c’est un gadget …
Vous rejoignez quand même la députée UMP, quand elle propose un projet de loi établissant une sorte de présomption de légitime défense? C’est la reprise d’une idée de Marine Le Pen, après tout ….
Alors pourquoi ça n’a pas été fait quand la droite était au pouvoir ? Je pense sur¬tout que tout cela est bassement électoraliste.
Vous avez récemment annoncé votre intention de baisser la subvention de plusieurs associations, citant l’exemple de SOS Racisme. Pourquoi cet exemple précis ?
Parce que SOS Racisme est un satellite du Parti socialiste. 10000 euros accordés à une association de copains, ce n est pas rien. Nous ferons des choix. Au dernier conseil municipal, un million d’euros a été voté pour des subventions à diverses a~sociations. Là-dedans, il y a un tri a faire entre ce qui est utile ce qui rend un service aux Messins et ce qui ne l’est pas, faute d’adhérents suffisamment nombreux.
Le monde culturel, je ne vous apprends rien, n’est pas favorable au Front national. Pensez-vous pouvoir gagner sans lui ?
Dominique Gros a dit que Metz était devenu un bouillon de cultures. Les gens de la culture sont tous chez lui, du coup ! Mais ça ne pèse pas de manière décisive dans une élection. D’ailleurs, je le dis: en matière culturelle aussi, il y aura des choix à faire dans les aides à accorder. Quels sont les événements qui attirent du monde, quels sont ceux qui fonctionnent en circuit fermé ? Le financement public doit être réservé en fonction de l’intérêt du plus grand nombre. Je n’ai rien contre les Trinitaires ou la Boîte à musiques (3). Seulement, à un moment, il faut atterrir : beaucoup peinent à payer leurs impôts locaux, ils ne peuvent donc pas financer des choses qui ne leur parlent pas.
En matière économique, quelle politique de développement comptez-vous encourager ?
Le rôle d’un maire ou d’un président d’agglomération est de créer les conditions encourageant les entreprises à venir s’installer. Ici, le Technopôle me semble sous-employé. Nous avons l’espace, les connections, l’intelligence, il nous reste à créer une structure qui favorise l’implantation de jeunes entre¬preneurs dans le secteur de l’innovation.
Dernière question, qui relève de la stratégie : si, au soir du premier tour, la liste de Marie-Jo Zimmermann devance la vôtre envisagez-vous de fusionner voire de vous retirer en sa faveur ?
Non! Une fusion n’a aucun sens. Une entente non plus: ce serait trahir la confiance de ceux qui nous soutiennent et qui le font notamment parce que l’union derrière Marie-Jo Zimmermann ne leur paraît ni sincère ni solide. Nous ne menons pas campagne pour nous effacer avant la fin !
(1) Recette estimée à 2,4 millions d’euros en 2013 selon la ville de Metz. (2) La police municipale peut être équipée d’une certaine catégorie d’armes, sur décision du maire et après avis du préfet. (3) Les Trinitaires ont accueilli 22 000 spectateurs en 2013. La Bam, consacrée aux musiques dites actuelles, ouvrira à l’automne 2014 à Borny.
Quelques lignes de l’article méritent une clarification :
Une remarque de forme sur Mettis : « …que les visiteurs occupent les parkings relais de Mettis ».
Je proteste solennellement contre la formule qui m’est attribuée : « les parkings relais DE Mettis ». On assiste depuis 3 ans à un phénomène psychiatrique surprenant chez les élus messins, qui personnifient le nouveau TCSP. Il est de bon ton de parler DE Mettis : Mettis est Dieu, et D.Gros est son prophète. Cette religion a pour loi unique « Rien ne doit entraver la progression de Mettis ». Cherchez la logique, dans notre région où on parle du Dominique et de la Marine…
Une remarque de forme et de fond sur le périscolaire : «…Des associations ne sont pas qualifiées pour s’occuper de l’ encadrement, notamment à la pause méridienne » : je me refuse à dire « pause méridienne ». Ici c’est Metz, et à Metz on dit «entre-midi ».
Sur le fond, j’ai cité la réforme des rythmes scolaires comme exemple des choix coûteux et impopulaires de D.Gros. La Ville est désormais obligée de l’appliquer, et en attendant de pouvoir changer la loi, nous écouterons les acteurs de l’éducation pour améliorer la gestion de ces rythmes imposés.
Je ne remets pas en cause la qualification des associations périscolaires qui font globalement un très bon travail, dans des conditions difficiles. Je veux être plus claire : j’évoquais des personnes qui encadrent les enfants à l’entre-midi. Je veux faire accéder toutes les personnes qui travaillent pour les enfants de Metz (y compris ménage et sorties d’écoles) à une meilleure qualification et à des postes plus stables.
Et une clarification sur les musiques actuelles : « Le financement public doit être réservé en fonction de l’intérêt du plus grand nombre. Je n’ai rien contre les Trinitaires ou la Boîte à musiques. Seulement, à un moment, il faut atterrir : beaucoup peinent à payer leurs impôts locaux, ils ne peuvent donc pas financer des choses qui ne leur parlent pas ».
La situation de notre ville imposera des choix budgétaires. En matière culturelle, je confirme le bon fonctionnement des Trinitaires et le besoin d’une plus grande salle de concerts (la BAM, même si la priorité est de restaurer la sécurité à Borny, faute de quoi les spectateurs ne se déplaceront pas).
En revanche, j’écouterai le public qui boude les pseudo-rebelles vivant d’aides publiques, comme cet été, le clown sinistre éclatant des pastèques place de la République ou parodiant haineusement un office religieux dans la chapelle de Notre Dame, devant 30 personnes…