M le Président, dans un entretien récent titré : « je ne manipule pas le pistolet sur la tempe », vous annonciez pour aujourd’hui votre projet métropolitain. On peine à en voir le souffle dans ce document, qui certes, définit le cadre législatif et une méthode pour aboutir à la métropolisation, mais rien de nouveau pour motiver l’adhésion à cette démarche.
On en a déjà plein les armoires, des documents comme « Lorraine 2020 » qui date de 2012 et déjà obsolète… ou « Metz 2030 », pour un territoire attractif, durable et solidaire…
Vous entonnez aussi ce ton messianique, pour promettre à l’agglomération de continuer « sa marche constante vers un horizon lui assurant de conserver son rang naturel, au sein de la famille des agglomérations françaises les plus dynamiques et les plus attractives ».
Si le rang de Metz était aussi naturel, notre capitale de région n’aurait pas été déclassée par la volonté du gouvernement socialiste et de la droite alsacienne ! A moins qu’ils n’aient agi en dépit de l’évidence géographique, et contre l’équilibre territorial de nos trois régions, ce que je crois.
Je partagerai deux objectifs de cette transformation en Métropole.
Le premier est de « rester visible dans la compétition ». Il est important, et même gratifiant de faire partie du club des 22 Métropoles françaises, même si c’est au rattrapage. Je n’aurai pas l’imprudence de qualifier cela de « début d’une ère nouvelle pour une agglomération rayonnante ». Il faudrait se garder des prédictions autosatisfaites, ça n’est pas plus efficace pour convaincre les indécis que le « pistolet sur la tempe » que vous ne manipulez pas, on veut bien le croire. Même si… il y a une sorte de chantage doucereux qui fait surface de temps à autres dans les témoignages.
Quoiqu’il en soit, nous partageons ce souci de voir Metz-Métropole tenir la place qui lui revient, de par son histoire et ses atouts, dans cette grande compétition des territoires. On ne nous accusera pas comme parfois au Conseil municipal de « Metz bashing », c’est à dire pour ceux que l’anglicisme n’inspire pas, de dénigrer Metz.
Cependant, cette mise en concurrence des collectivités françaises, déjà entre elles, signifie une course ruineuse, où il faut toujours donner plus d’avantages à telle multinationale pour qu’elle s’installe ou reste ici plutôt que chez le voisin, ou faire du lobbying auprès de l’Etat pour conserver tel service public. C’est bien le signe que l’Etat français a abdiqué sa mission d’aménageur du territoire. Il est troublant de lire cette ambition de devenir un « interlocuteur reconnu par les gouvernements français et luxembourgeois ». Certes, nos spécificités de région frontalière auraient besoin d’être mieux comprises en haut lieu, c’est le moins qu’on puisse dire notamment pour les travailleurs frontaliers… Mais comment peut-on mettre les deux interlocuteurs au même niveau ?
Le deuxième objectif que je partagerai, c’est celui de l’emploi. Je trouve particulièrement intéressant le premier des enjeux listés dans le 5e considérant : « la nécessité de fixer en Lorraine Nord, et non pas au delà des frontières nationales, les emplois et les revenus issus de la mondialisation des flux économiques et financiers ». Je partage totalement, à condition que cela ne signifie pas : installer Terra Lorraine, qui nous aurait inondés de produits chinois, cette grande mystification du patron UDI de la Moselle, qui a capoté comme par hasard au lendemain des élections régionales…
Oui, il y a nécessité de fixer chez nous les emplois et revenus qui sont trop facilement aspirés au Luxembourg. Et là, c’est bien la faiblesse des dirigeants français et la duplicité de l’ancien premier ministre luxembourgeois qui en sont la cause.
Recréer de l’emploi, de l’activité, de la richesse, chez nous, c’est une ambition qui nécessitera un Etat stratège et plus volontariste. On en reparlera dans 15 jours pour l’élection présidentielle !
J’ai déjà exprimé ce que nous pensons des transferts de compétences, qui transforment peu à peu la commune en coquille vide. Sans surprise, la métropolisation va accentuer cette asphyxie, jusqu’à ce qu’on arrive à l’élection des conseillers communautaires au suffrage universel direct. Certains ici la demandent, d’autres s’y opposent mais ils accompagnent le mouvement qui y mène, et ensuite ils nous dirons que c’est inéluctable…
Il faut savoir qu’il en sera alors fini de l’organisation territoriale à la française. Qui aura la naïveté de croire aux belles paroles sur la « gouvernance de proximité » et « l’enracinement dans les communes » ?
L’avenir n’est pas écrit, car autant le dire, l’incitation financière attachée au statut de Métropole ne survivrait pas à l’élection de Macron, Hamon ou Fillon, qui ont, quand ils gouvernaient, participé à dépouiller les collectivités locales.
J’avais dit lors du débat sur le passage de notre agglomération en Communauté urbaine que pour notre part, ce sera sans excès d’enthousiasme ni d’illusions. Pour les mêmes raisons que je viens d’évoquer, je ne peux que m’opposer à la Métropolisation dans son principe.
Présidente du groupe FN au Conseil municipal de Metz
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