Au Conseil municipal du 24/09/15 le Front National, par la voix de Françoise GROLET, s’est exprimé sur le futur site « TCRM Blida »
Des critiques sur l’équilibre des pôles numérique/culture/media
Ce projet est né du déménagement de l’entrepôt TCRM pour l’arrivée du Mettis, et surtout comme « lot de consolation » à la suppression des Nuits blanches dont le coût horaire devenait insupportable au contribuable messin. Au final, le budget de la Nuit Blanche a été réaffecté à la création d’un nouveau lieu de création artistique subventionnée, pour laquelle on se demande s’il y avait un réel besoin : les structures subventionnées, du FRAC à Pompidou, en passant par les galeries, ateliers, etc… ne manquent pas à Metz !
Nous sommes opposés aussi sur le principe : le rôle d’une collectivité locale est-il fondamentalement d’affecter les ressources publiques pour assister la création artistique ? Vous vous exposez au double écueil d’imiter les mécènes de l’Ancien Régime que vous critiquez, et de mettre en oeuvre un « art officiel » étouffant la liberté de création ? On ne peut nier l’hégémonie de l’art conceptuel dans la création subventionnée aujourd’hui !
Nous avons bien noté l’objectif de développement économique du site Blida. On m’a confirmé que les subventions de Metz-Métropole seraient fléchées vers le seul pôle numérique. Ainsi, nous pourrons vérifier quelle part prennent les différents pôles dans le budget, en admettant qu’il y a aussi des entreprises créatives prometteuses dans le domaine artistique. Il ne faut pas dévoyer l’esprit de la FrenchTech, destinée à développer des start up, futurs champions qui devront être gérées par des entrepreneurs.
Quant au pôle media qui va héberger plusieurs media locaux, quelle surprise… Dominique Gros serait-il hanté par les vieux démons socialistes de vouloir créer une Pravda locale ?!
Une politique à la petite semaine pour créer TCRM Blida
Il y aurait eu une cohérence à ce que Metz Métropole reste propriétaire du site plutôt que de le vendre, d’autant que le portage immobilier sera assurée par une structure satellite, la SEM Metz Technopole présidée par votre adjoint Thierry Jean. On reste donc dans l’entre-soi ! Au lieu de cela, en vendant le terrain pour 3 millions d’euros, l’agglomération récupère de l’argent frais pour éponger son déséquilibre budgétaire et la SEM s’endette pour acheter. 3 millions déjà engloutis, puisque dans une Décision modificative présentée hier en commission des finances, Metz Métropole votait la diminution de l’emprunt d’équilibre du budget 2015. Quel tour de passe-passe ! Il faudra bien rembourser les dettes et les intérêts : et ce ne sera pas au moyen des loyers du site comme votre conférence de presse le laissait entendre, puisque ces loyers sont fléchées en recettes dans le budget de fonctionnement (880 000€). Sauf à imaginer que les loyers vont connaître une augmentation vertigineuse ? Même si tous les résidents paient leur présence, on ne va pas atteindre le prix dissuasif des loyers du Centre ville de Metz pour des start ups !
La réhabilitation du site coûte 2 millions € supplémentaires obtenus par une augmentation de capital de la SEM, financée par Metz et Metz-Métropole, avec des partenaires bancaires qui n’ont pas la même logique financière que les collectivités et voudront d’abord de la rentabilité : même si la présence des banques aux côtés des entrepreneurs est positive, c’est une interrogation sur notre liberté d’action.
Une association est créée pour animer et développer le site. Son budget de fonctionnement s’élève à 880 000 €, ce n’est pas rien ! 150 000 € de recettes seront privées, essentiellement des loyers, pour 730 000 € de subventions publiques : Metz donnera chaque année 500 000 €, Metz Métropole 100 000, et on attend de la Région 100 000 € de la Région : avec quelle pérennité vu le devenir de la Lorraine ? Concrètement, il est à craindre que Metz et Metz Métropole se retrouvent encore une fois seuls au moment de financer le solde du fonctionnement de l’association au fil des années.
Même inquiétude côté dépenses. Le financement des emplois occupe 345 000 € : comment diminuer ce poste si les recettes ne suivent pas, comme promis dans le rapport ? Plus ennuyeux, le plus gros poste de dépenses est le loyer versé à la SEM Metz Technopôle, 385 000 €. C’est le jackpot pour la SEM, comme si le Technopôle était un modèle de rayonnement et d’attractivité ! On donne des subventions pour payer un loyer à un satellite subventionné. Cherchez l’erreur !
En conclusion, nous apportons un soutien total au projet numérique et innovation, vu son fort potentiel de développement. Nous nous devons de l’accueillir, l’accompagner et le fixer sur notre territoire, même si cette filière d’avenir n’a pas attendu les élus pour prouver sa vitalité. Les collectivités doivent rester à leur place d’accompagnateurs sans alourdir, comme elles savent si souvent le faire, l’effort entrepreneurial des entreprises, qui sont elles les vrais créateurs d’emplois, dont nous avons besoin. Nous souhaitons que cette évolution structurante, après la distinction de LORnTech, donne une visibilité à notre territoire et à Metz dans la future grande/énorme région.
Nous suivrons avec intérêt mais vigilance ce projet TCRM Blida. Cependant, nous refusons de vous signer un (gros) chèque en blanc : doutant de vos choix de créer un nouveau mille-feuille, et opposés à la vitrine artistique fumeuse, notre groupe s’abstiendra en l’état.
Françoise Grolet