Il y a quelques mois, alors que la campagne municipale battait son plein et que les ministres socialistes défilaient à Metz pour soutenir leur collègue de la Culture, nous avions écrit sur ce site tout le mal que nous pensions de la taxe Ecomouv’. Il eût été, certes, plus facile de se joindre au concert démagogique des élus de Metz Métropole pour se féliciter des emplois promis et des bénéfices induits pour la ville de Metz, et pourtant, nous avions eu le courage, en cette période de campagne électorale propice aux vaines promesses, de dénoncer une nouvelle taxe injuste, inefficace et improductive. Il faut croire que nous avions raison, car Ecomouv’ ne verra pas le jour, la mère des enfants de M. Hollande en ayant décidé autrement.
Faut-il y voir un éclair de lucidité qui aurait miraculeusement jailli du logiciel socialiste ? Poser la question c’est y répondre. L’écotaxe était dans le programme de la candidate socialiste en 2007, et en 2010, madame Royal s’insurgeait de la lenteur de sa mise en place. Non, le logiciel, n’a pas changé (malheureusement). Il faudrait plutôt y voir un effet de bord consécutif à la démission du gouvernement de notre conseillère municipale. Car, ne nous y trompons pas, Metz qui semblait s’être rapprochée de Paris ces dernières années a été brutalement et soudainement rejetée au fond d’une lointaine région sous tutelle alsacienne. Ainsi, il en va de la grâce et de la disgrâce républicaine !
Les clameurs des barons de Metz-Métropole MM Gros et Grosdidier n’y changent rien. À Paris, le premier a trouvé porte close tandis que le second s’est vu proposer une commission d’enquête au Sénat, c’est-à-dire une porte ouverte sur le néant.
Ceci n’aurait au fond que peu d’importance, et nous n’aurions pas à évoquer les déboires de notre ex-ministre de la Culture et les histoires de famille de M. Hollande si 200 personnes n’avaient pas été engagées, si 250 douaniers n’avaient été affectés, si 250 millions d’euros n’avaient pas été dépensés et si l’état n’allait pas verser 839 millions d’euros d’indemnité à une société italienne.
Voilà le véritable gâchis. Voilà le mépris des personnes, des employés et des contribuables.
Mais comme dirait l’autre : « Ça ne coûte pas cher, c’est l’État qui paye ». F Hollande trouvera bien une petite blague pour nous faire rire de sa plus belle invention : la seule taxe négative créée à ce jour.
Pendant ce temps, l’Allemagne a voté l’extension de son dispositif de péage poids lourds pour 1000 km supplémentaires. Ce même péage, qui leur a rapporté 4.4 Mds d’euros en 2013 et qui incite les camions traversant l’Europe du Nord au Sud à faire le détour par la France.
Que l’on se rassure, l’écotaxe n’est pas abandonnée (on n’abandonne jamais un impôt), c’est le dispositif qui change. M. Hollande a annoncé en passant à Florange qu’il soutiendrait l’expérimentation d’une écotaxe régionale réclamée par les élus du sillon lorrain sur l’A31. Jolie pirouette ! D’un seul coup, il se débarrasse du problème et fait taire la révolte des élus locaux. Une promesse Florangienne qui n’engage à rien et un joli cadeau empoisonné pour la région qui devra (on se demande bien comment ?) mettre en place une écotaxe régionale. Vers des péages sur l’A31 ? Tout cela est extrêmement confus. Nous sommes dans l’improvisation permanente.
En attendant, derrière ce nouvel écran de fumée de l’écotaxe régionale, voici l’état des lieux pour notre ville :
– 157 Messins licenciés
– 130 douaniers et leurs familles déplacées à Metz pour rien
– des bâtiments refaits à neuf aux frais de Metz-Métropole
– une A31 en mauvaise état et remplie de camions
– une BA128 désespérément vide (ah pardon, comble du mauvais goût, le gouvernement a demandé à Metz-Métropole si on pourrait y entreposer… les portiques de l’écotaxe)
– 0 emploi pour le contrat CRSD (compensation du départ des militaires)
– l’image d’une ville en perte de vitesse
– des élus locaux impuissants et totalement décrédibilisés
– un mauvais signal envoyé aux investisseurs
Soyez sans crainte, Ecomouv’ deviendra un jour prochain, un beau sujet d’étude pour nos apprentis énarques, les fonctionnaires seront replacés, les salariés indemnisés (ou pas !), et pourquoi pas embauchés par la SNCF (si, si). Madame Royal fera mettre de la vigne vierge sur les écoportiques. On trouvera un nouveau sujet d’avenir comme la vallée des matériaux-tech-eco-lorraine pour occuper les journalistes ailleurs. Et tout sera oublié.
Tout sera oublié à Paris.
Vous, en revanche, à chaque fois que vous passerez sous le portique de l’A31 au niveau de Hauconcourt, vous aurez une petite pensée pour vos dirigeants, ceux qui font et ceux qui défont à tour de rôle.
Vous vous souviendrez du maire qui annonçait 1500 emplois en 2008 pour remplacer les militaires. Le même qui annonçait l’arrivée de l’INSEE et d’Ecomouv’ en compagnie d’une brochette d’officiels Parisiens et de son ami M. Bohl. Le même qui annonçait un « péage de transit » en remplacement d’Ecomouv en juin et qui disait encore il y a 6 mois : « Je suis relativement rassuré sur les emplois qui étaient promis à Metz »
Vous vous souviendrez, mais vous ne versez pas une larme sur les déboires de ces irresponsables.
Pourquoi ?
Parce que l’avenir ne leur appartient pas. L’avenir est à vous, et à vous seul.
Emmanuel du Moulinet