« Protocole de préfiguration du Nouveau Programme National de Rénovation Urbaine de l’agglomération »
Rien qu’en disant cela, on pressent qu’il y a un problème. « Mieux arrimer ces quartiers à la trame urbaine et économique de l’agglomération.», qui ne serait d’accord avec l’objectif ? Mais on n’en est qu’à la préfiguration du programme, sur 18 mois pour une période de 10 ans, avec 28 partenaires dont toutes les tranches du mille-feuille territorial, alors qu’il faudrait plus de proximité et de réactivité, C’est la première nécessité pour mener cette politique de la ville!
Tout est extrêmement long, obligeant à multiplier les phasages, avec d’un côté des projets nécessitant un complément d’études quand pour d’autres il faut quémander une autorisation de démarrage anticipé. Obligeant aussi à empiler des études et diagnostics pour des dizaines voire centaines de milliers d’euros, parce que la situation évolue. Et à la fin du programme, ce sera pareil!
Les sommes en jeu sont considérables, et justifieraient de fournir une évaluation fiable de l’efficacité de cette politique au regard de ses objectifs. Si encore elle s’imposait par ses résultats… mais on voit bien que ce n’est pas le cas. Les problèmes qui rongent les quartiers sensibles n’ont en rien été résolus, ils s’aggravent, ils se déplacent.
En témoigne le rapport : Borny, « continue de se paupériser » (p36) la Patrotte est « Depuis de nombreuses années un quartier difficile avec une paupérisation grandissante » (p76) etc… pour preuve l’extension du secteur « Politique de la ville » au Chemin de la Moselle.
Plutôt qu’une lourde planification, qui coûte aussi du temps, le bon sens voudrait que chacun se concentre sur ce qu’il a à faire. A l’Etat d’assurer la présence et la qualité des services publics, éducatifs notamment (l’échec scolaire n’est pas enrayé).
On se garde bien d’évoquer les difficultés dues à la concentration dans ces quartiers de populations issues de l’immigration, en telle quantité que l’intégration devient problématique voire se fait à l’envers. Surtout lorsque ces personnes sont renvoyées à leurs origines : avec des associations identitaires qui exercent, pour le compte de la Ville, presque missionnées comme centres sociaux, des missions d’intérêt général comme le soutien scolaire ou les activités sportives. Cette politique manque de cohérence. A ce sujet, mention spéciale pour une réalisation évoquée discrètement sous le nom de « centre interculturel » p. 68 et dont le maire de Woippy est très fier : avoir fait financer, uniquement sur fonds de la politique de la Ville, la mosquée de Woippy. Le PRU de Woippy est dit dans le rapport « d’une ampleur colossale » avec 120 M€, cela ne justifie pas ce dévoiement !
Là aussi, on résout un problème – le manque d’emplois et d’activités économiques – de façon artificielle. Nous attendons des résultats positifs pour l’accompagnement à la création d’entreprises, car il faut souvent un effet de levier pour créer des emplois un par un. Mais le rapport parle d’ « officialisation économique d’activités informelles » (p21) : j’espère qu’il ne s’agit pas que de régulariser le travail au noir, pour le nouveau centre d’affaires de Borny.
Je citerai pour finir un passage du Rapport, appuyant notre jugement d’une politique de la Ville coûteuse et inefficace. II est indéniable que certains aspects des Quartiers Politique de la Ville ont changé en bien, mais cela aurait été possible avec les politiques de droit commun menées par chaque échelon responsable, sans alourdir le système, ni créer de nouvelles inégalités.
« La cour du Languedoc connaît depuis 6 ans un nombre croissant d’atteintes à la tranquillité et à la sécurité de ses locataires » (p134). Pourquoi ? Des barres d’immeubles ont été déconstruites – c’est une bonne chose – des résidences ont été sécurisées, comme le clos du Lys (ce n’est pas étonnant : le Rapport précise que le bailleur n’y admet que des résidents ayant des revenus stables hors allocations !)… Faut-il s’étonner que les problèmes non résolus à la base se déplacent ailleurs ? Y compris dans les copropriétés privées dégradées, nouveaux refuges des trafiquants, occasionnant des feux de voitures! II ne suffit pas de rebaptiser Borny « Grand Est » ou la Patrotte Metz Nord « Rive gauche» pour résoudre les problèmes qui s’aggravent depuis 30 ou 40 ans, et ne se résoudront pas avec les mêmes.
Présidente du groupe FN au Conseil municipal de Metz
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