Le Conseil de Metz-Métropole a débattu ce 14/12/15 sur la décision prise par le Préfet de ne pas modifier le périmètre de l’agglomération messine. Pourtant, certains se verraient bien régner jusqu’à Thionville ! À la suite de Dominique Gros (conseil municipal du 21/11/15) mais moins direct que lui, Jean-Luc Bohl veut créer une structure préparant l’élargissement de notre agglomération aux deux collectivités au nord de Metz : les communautés de communes du Pays de l’Orne Moselle, et Rives de Moselle (autour de Trémery). Problème, nos deux voisins ne veulent pas être avalés…
Seul les élus du Front National-Rassemblement Bleu marine se sont opposés à l’élargissement de Metz-Métropole, voté par tous les autres élus, plus ou moins enthousiastes (les « petits maires » étant singulièrement oubliés dans cette dictature douce).
Sur la finalité de cette évolution territoriale, M-J. Zimmerman (UMP) est passée aux aveux : « Droite ou gauche, il y a une marche en avant qui est engagée et qui va faire disparaître les communes ». Ainsi, leurs intentions ne sont plus masquées !
L’actualité politique a naturellement pesé sur les débats, chacun évoquant la progression du FN face à un système qui a eu très chaud, et s’est largement compromis. « Orage qui tonne, urgence absolue » pour D.Gros, « vote de désespérance, refus d’une vision d’avenir » pour le MODEM Cambianica, « crise d’identité » et évocation (injurieuse, une fois encore) de Daesh par F. Grosdidier (lequel propose avec ruse de commencer par transformer Metz Métropole en Communauté urbaine, ce qui dépouillera les communes membres de leur souveraineté). « Nos concitoyens n’ont plus confiance en nous » reconnaît l’écologiste M Hisler Béguin, pour qui « il faut faire notre examen de conscience », et enfin M Nicolas (UMP) met en garde sur les augmentations fiscales car « il ne faut pas faire le jeu du FN » ! S’il fallait illustrer la pédagogie du vote FN, ces propos valent de l’or !
Deux poids et deux mesures… car Jean-Luc Bohl n’a pas hésité à me rappeler à l’ordre pour « hors sujet » quand j’ai évoqué le déclassement de Metz qui n’est plus préfecture de Région, et avec Richert perd aussi le siège de capitale régionale. Le rappel de la connivence UMP-UDI-PS depuis dimanche, c’est douloureux à entendre !
À lire ci-dessous : la position des élus FN au Conseil de Metz-Métropole, pour la parfaite information de nos concitoyens qui s’étonnent de la maigre place laissée au FN dans le compte-rendu du quotidien local.
« Monsieur le Président, la municipalité de Metz n’a pas eu votre pudeur, puisqu’elle a déjà voté clairement (le 21/11/15) la fusion avec les deux intercommunalités au nord, avec comme argument : « rapprochons-nous de ceux qui nous ressemblent ». J’avais alors dénoncé le signal de désintérêt qui était lancé à nos petites communes rurales du sud messin, qui ne nous ressemblent peut être pas, mais sont partie intégrante de Metz Métropole ! C’est à noter, seul le Front National a voté contre les visées expansionnistes de la municipalité messine, l’opposition UMP approuvant ou s’abstenant.
Dans cet avis sur le schéma départemental de coopération intercommunale (SDCI), Monsieur le Préfet de Région, Préfet de la Moselle, nous incite à avoir plus de courage – pour ma part je dirai plus de témérité – que lui. Vous l’accusez de manquer d’ambition ? Je peux le comprendre, puisqu’il ne sera plus là, une fois que la disparition de nos trois régions sera effective, pour gérer les suites explosives d’une injonction à fusionner. Car les intercommunalités que vous voulez intégrer ne veulent en aucun cas de votre projet !
C’est donc Metz-Métropole qui met la pression sur nos voisins : l’impression qui ressort de ce document est plutôt « anxiogène » (il n’y a donc pas que vos augmentations fiscales passées et futures qui le sont, Monsieur le Président…) : « nécessité de peser » « obligation d’évolution » « réfléchir aux ressources« … ah ! le mot est lâché : Metz-Métropole est donc bien durablement dans une impasse budgétaire, et même si le document se garde d’insister, c’est bien l’appât du gain en dotations d’Etat qui pousse d’abord à ces fusions… Nous voilà transformés en chasseurs de primes, primes qui justifient d’enclencher un agrandissement de notre collectivité aussi néfaste qu’impopulaire, en le faisant passer pour inéluctable : « inévitable » dit le rapport.
Alors pour vous, il serait « dangereux pour notre territoire de demeurer dans un immobilisme coupable, qui nous déclasserait automatiquement« . Rien que ça ! Notre collectivité ne semble pourtant pas immobile, on a même parfois le sentiment de s’agiter frénétiquement dans des directions non essentielles (suivez mon regard vers votre très cher Mettis ou le futur Palais des Congrès), et de manquer d’énergie ou de financement pour assumer nos missions prioritaires.
Votre modèle, c’est donc la Grande Région, Metz Métropole veut se faire aussi grosse que le boeuf… Mais les exemples de fusion à Mulhouse ou Reims que vous agitez ne sont pas forcément vertueux.
Pour moi, il n ‘y a pas de sens inéluctable de l’Histoire. Il y a des choix politiques faits par des hommes politiques ! Le vôtre, Monsieur le Président, celui de votre 1er Vice Président Dominique Gros, c’est d’élargir de façon démesurée notre périmètre. Pour éviter le déclassement dites-vous ? Mais qui a voulu ces méga-régions, si ce n’est le parti de votre 1er Vice Président, qui vient de voter pour VOUS mettre à la tête de cette méga Région ?
La boucle est donc bouclée ! Car nous avons perdu le statut de Préfecture de région ; et nous allons perdre le statut de capitale régionale avec l’élection de Philippe Richert. Au final, après ses déclarations successives et contradictoires, c’est Strasbourg qui prévaudra, Metz se partageant les miettes avec Châlons en Champagne : l’exécutif régional à Strasbourg, les séances plénières à Metz, les commissions à Châlons. Imaginez les fonctionnaires itinérants avec des dossiers sous le bras… une usine à gaz digne de la technocratie bruxelloise !
(Ici, Jean-Luc Bohl m’enjoint de m’en tenir au sujet… alors que tous les autres intervenants ont évoqué les élections de la veille ! Serait-il gêné qu’on évoque leur responsabilité partagée dans le déclin de Metz ?)
Pas mal, votre bilan, en terme de déclassement pour notre agglomération, avec l’UMPS !
Comprenez donc que nous soyons méfiants avec la suite de vos projets. Vous les décrivez comme des « fiançailles » très « vintage », mais avec vous, c’est plutôt la méthode du mariage arrangé, qui est plus que vintage : rétrograde ! Vous louchez tellement sur la dot de la fiancée qu’elle prend peur… Si le préfet n’a pas osé, si -comme vous le dites clairement – les temps ne se prêtent pas à ajouter du mécontentement au mécontentement, (« nous venons de vivre une fusion forcée » avoue le document évoquant l’intégration de la communauté du Val St Pierre !!!)… alors, ajoutons donc de l’hypocrisie à la lourdeur, en posant les bases de la fusion avec une structure nouvelle, une de plus, à laquelle des compétences seront déjà transférées.
Vous pouvez brandir « l’imagination, l’intelligence, la solidarité » : il n’empêche que nos voisins des deux communautés de communes du nord n’acceptent pas vos visées expansionnistes, soit pour de mauvaises raisons de baronnet dans son fief, soit parce qu’ils craignent que Metz Métropole veuille surtout mutualiser sa dette, et la charge des équipements plus ou moins utiles qu’elle a choisi de réaliser.
Nous disons donc : NON aux mariages forcés, non à la multiplication des structures publiques, non à la recentralisation. Et nous disons : oui aux mariages d’amour comme aux coopérations librement consenties et réversibles, qui n’enchaînent pas dans la durée, OUI d’abord aux communes, ces cellules de base de l’organisation territoriale française, qui offrent la proximité demandée par nos concitoyens et doivent garder leurs prérogatives.
Attachés à la prospérité et à la visibilité de Metz et son agglomération, nous ne pouvons entériner cette motion. Au contraire, c’est en respectant nos voisins, en nous appuyant sur l’identité de nos communes, qu’on donnera stabilité et dynamisme à notre territoire.
Françoise GROLET