Le 15 décembre dernier, Dominique Gros, maire de Metz, a remis la médaille d’honneur de la Ville de Metz à Brita Hagi Hasan, président du Comité civil local d’Alep-Est (quelquefois présenté dans les médias comme « maire » d’Alep-Est). Ce conseil a été élu début 2013 en même temps que le Conseil provincial d’Alep (aussi appelé Governorat) comme exemple d’alternance démocratique en Syrie.
Metz n’était qu’une étape du tour de France et des institutions européennes, qui a mené M. Hagi Hassan, entre autres, jusqu’à l’Elysée le 19 octobre 2016 :
A en croire Messieurs Hollande et Hagi Hasan (à partir de 6:40), la guerre en Syrie ne serait que le fait d’un président dictateur, Bachar el Assad, qui, avec l’aide de ses alliés russes et iraniens, ferait mourir le peuple d’Alep sous les bombardements et les privations, et l’Union européenne ne ferait rien pour empêcher ces exactions.
La réalité est beaucoup plus complexe que cela, et la France y a malheureusement joué un rôle délétère, comme l’a montré le reportage « Syrie : le grand aveuglement » diffusé sur France 2 en février 2016.
Sommaire :
0 :00 Introduction et rappel de quelques chiffres
4 :10 La passion du djihad
D’après un reportage du journaliste algérien Yacine Benrabia en 2015, présentation de groupes rebelles, dont « Les partisans de la foi » à Alep.
22 :10 Adeline Chenon-Ramlat, ancienne journaliste au Monde et blogueuse sur la Syrie
Création et financement des groupes rebelles ; différences de salaires entre armée régulière et groupes rebelles/EI ; Armée syrienne libre : des rebelles pas si modérés que cela
28 :15 L’engrenage infernal
Mars 2011 : début de la révolte durement réprimée par le régime, et engrenage de la violence ; influence des Frères musulmans ; désertions dans l’armée syrienne régulière vers l’Armée syrienne libre ; prises de position anti-Assad et sanctions économiques de pays occidentaux ; manifestations de masse pro-Assad ; Conseil national syrien et ses liens avec les Frères musulmans ; afflux de combattants étrangers et islamisation grandissante des rebelles par l’influence des pétromonarchies.
48 :40 Fabius : « Bachar el Assad ne mérite pas d’être sur terre » ; graves erreurs de la diplomatie française ; livraisons d’armes par la France aux rebelles, dont certaines ont été revendues à des groupes plus violents (images très dures) ; attaque à l’arme chimique à La Ghouta, sur laquelle l’ONU ne peut définir la responsabilité ; tortures dans les prisons du régime et bombardements de l’armée syrienne sur les populations civiles.
55 :50 2014 : arrivée de Daech en Syrie depuis l’Irak ; bombardements US contre l’Etat islamique, mais pas de la France qui ne veut pas faire le jeu du régime ; 2015 : intervention russe ; après le Bataclan, infléchissement de la position française ; pourparlers à l’ONU.
1 :00 :50 Les dessous d’un conflit
La Syrie est une étape indispensable du gaz et du pétrole vers le marché européen ; juillet 2011 : Assad préfère un projet de pipeline iranien via l’Irak plutôt qu’un projet qatari via la Turquie -> pour l’Arabie saoudite et la Turquie, il doit tomber ; découverte de réserves de gaz énormes au large des côtes de Syrie et de pétrole sur le plateau du Golan.
1 :09 :05 La vie et rien d’autre
1 :13 :00 Familles et entreprises à Alep ; bombardements de l’armée syrienne et usage de l’arme de la faim.
1 :18 :00 Réfugiés en route vers l’Europe : pour l’un d’eux, avec 20-25 parties prenantes dans ce conflit, c’est une guerre mondiale.
Sachant qu’à Alep règne aussi un conseil de la charia, M. Hagi Hasan y a-t-il vraiment le moindre pouvoir?
Et sa mission dans son tour d’Europe était-elle vraiment de représenter les habitants d’Alep-Est ? Dans un communiqué du 26 août 2016 paru sur sa page Facebook, le Conseil local se qualifie lui-même de « représentant des corps révolutionnaires d’Alep ».
Brita Hagi Hasan n’est-il pas instrumentalisé comme caution modérée de la politique menée par les gouvernements occidentaux et leurs alliés du Golfe depuis 2011 ?
Car la vérité est que les quartiers d’Alep-Est ne seraient pas bombardés si des rebelles extrémistes n’y sévissaient pas, et ceux-ci ne pourraient pas nuire s’ils n’étaient pas armés entre autres par l’irresponsabilité du gouvernement français (reportage ci-dessus, 48:40′) et financés par plusieurs pays amis de nos gouvernants successifs.
Des pourparlers de paix vont commencer le 23 janvier entre le régime syrien et l’opposition armée, sous l’égide de la Russie, et la France en sera complètement absente. La Turquie s’est rapprochée de la Russie, et, ironie du sort, le grand ami qatari de la France vient de signer un accord gazier avec la société russe Rosneft. Les rapports de force internationaux sont complètement bouleversés, et la diplomatie française est ridiculisée dans tous les domaines.
Seuls Marine Le Pen et le Front National se sont opposés à cette guerre en Syrie, ainsi que quelques rares élus de droite, en contradiction avec les orientations de leurs partis. Il est urgent de reconstruire des relations saines avec l’ensemble de nos « amis » et « ennemis » d’hier, et les partis qui nous ont menés dans cette impasse ne sont pas crédibles pour le faire.
Il y a d’autres moyens de rendre hommage au courageux peuple syrien. Julien Rochedy, ancien président du Front national de la Jeunesse, est parti en Syrie et y a interrogé des femmes. Ecoutons-les.
Maintenant, si les indignés professionnels cherchent une cause indiscutable à défendre, ils peuvent se tourner vers le Yemen bombardé dans l’indifférence générale depuis bientôt deux ans par l’Arabie saoudite, grande amie des dirigeants français successifs.
Pays Messin
Les socialistes sont déjà dans le mensonge et la manipulation, comme dernièrement celle des chiffres du premier tour de leur primaire « second choix ». Alors une occasion de plus, de surcroit dans les locaux de l’hôtel de ville de Metz, rien de surprenant. Le maire pourra en tirer une fierté de plus et l’épingler sur le revers de sa veste à côté de son ruban rouge.
Il y a un jeune français, Pierre Le Corf, qui est parti vivre à Alep l’année dernière pour essayer d’y aider les gens avec son association humanitaire, et qui témoignait régulièrement sur Youtube sur ce qui se passait là-bas.
Il a envoyé aujourd’hui une lettre ouverte au président Hollande, et le moins que l’on puisse dire est que ça ne correspond pas vraiment à ce que dit l’entourage de Mr Gros : http://www.mondialisation.ca/depuis-alep-lettre-ouverte-a-francois-hollande-lannee-2016-a-reellement-ete-celle-de-la-desinformation/5570265
Déjà, le maire d’Alep n’est peut-être pas le maire d’Alep :
« Nous avons d’ailleurs placé quelques heures le drapeau syrien à trois étoiles à l’Elysée, le temps de recevoir le (faux) maire d’Alep avec les honneurs, homme qui n’a jamais été élu par le peuple Syrien, qui ne vient pas d’Alep mais reconnu et élu par les leaders de groupes djihadistes ainsi que quelques partisans et étrangers. »
Ensuite, sur l’aide humanitaire et les hôpitaux :
« J’ai continuellement été à la rencontre des civils déplacés à l’intérieur du pays. Leurs témoignages sont sans appel. À l’est d’Alep, la loi de la charia régnait à travers des « tribunaux Islamiques » sommaires, constitués par des combattants et des Cheikhs s’autorisant, en fonction des fatwas (décrets religieux) d’emprisonner, de torturer, de marier des enfants et d’exécuter qui bon leur semblait. Après la libération d’Alep Est, il s’est avéré que les djihadistes disposaient aussi d’un énorme stock de nourriture. J’ai vu des amoncellements de colis humanitaires pouvant suffire à un an de siège. Les familles témoignent de leur impossibilité d’en profiter et de la famine endurée du fait du siège de l’armée mais, surtout, du monopole des tarifs ou trocs prohibitifs pratiqués par les groupes armés, allant jusqu’à 50 fois le prix normal. Ceux qui acceptaient de combattre de leur côté bénéficiaient d’un traitement de faveur. En revanche, comme me l’ont dit récemment certains de leurs sympathisants restés à l’Est: « Nous n’aimons pas ce gouvernement, mais si quelqu’un critique les combattants de l’ASL ou d’autres groupes, ils le tuent. Elle est où la liberté ? ».
Infrastructures, hôpitaux, écoles étaient partiellement utilisés par ces groupes comme quartiers généraux qui leur servaient aussi de prison et d’entrepôts pour leurs armes. Dans une de ces écoles, j’ai pu constater qu’ils fabriquaient des armes chimiques avec des produits importés de différents pays. Et, ces derniers mois, suite au pire des combats, j’ai assisté à l’arrivée de blessés à la chlorine dont la peau brûlait littéralement. À l’Est, les hôpitaux soignaient principalement les combattants et leurs familles, ou ceux qui pouvaient payer. Là aussi, après la libération d’Alep, j’ai constaté par moi-même les tonnes de médicaments et deux hôpitaux qui restaient pourtant fonctionnels pour une zone de guerre malgré leurs façades et certaines zones partiellement atteintes, ceux-là même qui avaient été annoncés plusieurs fois entièrement détruits. »
Qui ment, qui dit la vérité dans tout cela ? N’y a-t-il pas des camions d’aide humanitaire qui sont partis de Metz pour Alep ? A qui ont-ils été livrés ? Qui en a vraiment profité ? Quel gâchis en vies humaines que cette guerre.
pourquoi notre Maire va se mêler de politique internationale : il n’y a pas assez à faire ici ? recherche de notoriété au delà des frontières ?
ce n’est pas qu’on refuse la générosité….. mais charité bien ordonnée commence par…..ses frères dans le besoin