Au Conseil de Metz Métropole du 12/10/15, Françoise Grolet est intervenue pour le Front National. En abordant le sujet brûlant des hausses d’impôts, il était prévisible que le Président Jean-Luc Bohl serait fâché !
Monsieur le Président, messieurs les Vice-présidents, chers collègues.
Cette « petite » Décision Modificative budgétaire est finalement éclairante, puisqu’elle nous donne l’occasion de pointer les dérives de notre collectivité. Oui, « dérives », puisque vous nous annoncez que les efforts d’économies demandés l’an dernier aux services ne suffiront pas, on pouvait s’en douter… Et on peut même ajouter que l’exercice d’austérité auquel ils vont encore être contraints ne suffira jamais, pas plus que la ponction fiscale, puisque vous persistez à aller dans la même voie, avec toujours les mêmes travers : celui des dépenses hors compétence, contraires à la clarification affichée par la loi NOTRe, et l’autre travers : cet appétit désordonné pour les projets démesurés, mal conçus, donc chers à corriger dans le temps, à l’opposé de la gestion de bon père de famille à laquelle beaucoup ici aspirent, parce qu’ils la pratiquent dans leurs communes, et qu’ils sont encore assez proches de leurs concitoyens pour entendre leurs attentes.
Un exemple d’action hors compétence : l’opération « signCOP 21». Certes, il s’agit d’accepter des mécénats, mais je pose deux questions :
– après quelle débauche de moyens parvient-on à ce résultat ? Demandez au maire d’une petite commune s’il ne préfèrerait pas affecter un peu de cette énergie à épauler ses agents municipaux !
– et à quel prix ? En effet, il suffit de lire les conventions de mécénat pour voir qu’une entreprise qui donne 10 000 € en récupère 85% : 25% de contreparties en nature de Metz-Métropole, et 60% en réduction d’impôts ! Nous direz-vous comme le président Hollande : « c’est pas cher, c’est l’Etat qui paye » ?!
Et n’oublions pas que les dons de certaines entreprises seront indirectement refacturés à l’usager sur sa facture de gaz ou d’eau, ou à la collectivité par les mécènes obligés que sont les entreprises prestataires de marchés publics…
Alors j’ai envie de dire : « tout ça pour ça… » ! Tout ça pour vous permettre de vous proclamer acteurs de -je cite- « la prise de conscience mondiale de l’urgence de la situation » !
D’autres dépenses hors compétence sont en soi tout à fait légitimes, comme le soutien à l’Enseignement supérieur et à la Recherche, qu’on retrouve dans le point 5/28, mais c’est la double peine pour notre collectivité, otage de l’Etat : d’un côté l’Etat diminue drastiquement ses dotations aux collectivités, et de l’autre côté, il ne fait pas son devoir en faveur de l’équilibre territorial en matière de soutien à l’Enseignement supérieur et à la Recherche (qui est de sa compétence), nous obligeant à agir à sa place pour essayer de fixer l’activité et l’emploi.
Passons à l’autre travers que j’ai évoqué : les projets démesurés qui ont plombé les finances de la collectivité.
Je pense bien sûr au bus Mettis, dont le rapport d’activité 2014, présenté en 3 lignes en fin de conseil, nous apprend que le système de sécurité vidéo embarqué dysfonctionne et doit être remplacé…à quel prix ? On apprend aussi qu’en plus de l’insécurité existante, la fraude devient préoccupante : 15% de fraude sur la ligne A qui représente 26% des voyages, 28% de voyages non payés pour le réseau Mettis de nuit !
Et je dois avouer notre stupéfaction, quand on apprend qu’après votre très cher bus Mettis, après l’engagement du Palais des Congrès (qui pourtant est loin de faire l’unanimité dans cette assemblée), vous voulez maintenant vous construire un Siège. Un siège à 26 millions d’€, + les dépassements auxquels vous nous avez habitués, + les frais annexes de déménagement et installation, + le coût de l’emprunt que vous devrez contracter… Combien faudra t’il de décennies pour rentabiliser la pseudo-économie sur les loyers actuels de 1,2 millions € / an ?
S’il était de bonne gestion d’acheter nos locaux, la logique serait de le faire non sur la ZAC de l’Amphithéâtre (qu’il vaudrait mieux commercialiser… puisque si l’on vous croit, les investisseurs privés se bousculent !) mais plutôt sur un site que nous devons rénover : les friches ne manquent pas dans l’agglomération n’est ce pas ! Les casernes de Montigny, Bon-Secours par exemple…
Mais non, votre volonté est : cette ZAC de l’Amphithéâtre DOIT se remplir, Metz Métropole mettra donc, à côté du Palais des Congrès, son petit palais ! Et à la place du dépose-minute, ce qui achèvera de le rendre impopulaire auprès des habitants…
2015 : après avoir voté une rallonge au budget du Centre Pompidou, rajouté une couche d’emprunt Mettis, soit-disant bouclé le budget du Palais des Congrès en empruntant à la Caisse des dépôts (pas de quoi se réjouir comme vous l’avez fait il y a un mois), après avoir augmenté la ponction sur les usagers (tarifs des transports ou du Conservatoire de musique…), sur les entreprises (Versement transport et Redevance spéciale déchets), on est déjà dans l’impasse budgétaire et obligés d’emprunter.
Vous en viendrez donc à augmenter les impôts. Du fait de la mauvaise gestion de nos priorités, « l’année de tous les dangers » que vous avez proclamée en 2015, M le Président, vous allez la répéter l’année prochaine, et encore la suivante… aboutissant à des budgets de tous les dangers pour nos concitoyens contribuables, usagers, et les entreprises.
Dans cette Décision budgétaire, on voit un exemple de votre gestion de très court terme : page 1, la cession du terrain des TCRM, avenue de Blida, est inscrite en recette d’investissement pour 3 M€. Dont une partie est immédiatement engloutie, (page 2) pour diminuer le trop fameux emprunt d’équilibre. Il ne s’agit pas de nous désendetter mais de nous endetter un peu moins cette année.
Mais précisons un peu (puisque la délibération sur l’association TCRM Blida est évacuée dans les points finaux et n’est pas discutée en Conseil) : ce terrain est vendu à Metz-Technopole, qui s’endette pour acheter, puis pour aménager le site. Faut-il rappeler que le premier actionnaire de la SEM Metz-Technopole, c’est Metz Métropole qui va devoir passer à la caisse avec la ville de Metz ? Et voilà un tour de passe-passe, pour récupérer de l’argent frais, tout en faisant des dettes qu’il faudra bien rembourser !
Force est de constater que Metz-Métropole devient un repoussoir. L’actualité du jour montre suffisamment que les intercommunalités voisines, forcées de se regrouper par le diktat gouvernemental, font tout pour éviter de nous rejoindre.
On sait pourtant qu’avec F Hollande, cette marche vers la disparition des communes, donc à la destruction de la proximité, est un dessein inéluctable, qui était d’ailleurs déjà celui de N Sarkozy : n’oubliez pas, malgré la mauvaise foi de ceux qui dénoncent dans l’opposition ce qu’ils projetaient étant au pouvoir ! Le modèle français commune/département/Etat est condamné par l’UMPS à disparaître.
Même si le préfet doit surseoir aujourd’hui, pour d’obscurs motifs de calendrier électoral, aux fusions autoritaires, le constat est que les intercommunalités voisines nous fuient : cela ne vous amène t’il pas remettre en cause votre gouvernance ?
Les temps sont troublés. « Il n’y a plus d’argent ! » nous disent ceux-là mêmes qui ont dépensé sans compter, saupoudré l’argent public hors comp
étences, soutenu les gouvernements successifs, qui ont voté des budgets en déséquilibre, droite et gauche confondus, et creusé la dette… Et avec un certain culot, vous fuyez tout débat transparent sur les hausses d’impôts comme étant « traumatogène » (RL du 29/09/15) ! Votre qualificatif, Monsieur le Président, vaut bien l’accusation d’« anxiogène » employée par l’adjoint aux finances de Metz pour faire taire son opposition. Seulement ici, à part le discours constant du Front National les élus messins de gauche et de droite se retrouvent main dans la main ! Traumatogène… anxiogène… a t’on besoin d’un psy ? Ou bien du bon sens d’un paysan, d’un entrepreneur ou d’un bon père de famille pour gérer notre collectivité ?
Vous voulez continuer dans la même voie, la même impasse ? Nous vous disons : halte au gigantisme, celui des régions comme celui des intercommunalités ou celui des projets, halte au saupoudrage de l’argent public, bref halte aux « serial taxeurs » ! Il est urgent de dépenser moins, mais surtout de dépenser juste !
Conclusion, que l’autoritarisme de Jean-Luc Bohl a empêché d’entendre : « Finalement, la campagne de pub dont vous êtes si fiers, avec le bébé ou le cadre supérieur qui hurlait : « je veux Metz ! » était une prémonition inversée du moral des habitants, comme de nombreux élus de Metz Métropole et des collectivités voisines ! »